Le corps soigné, le corps transformé - Café du Quai, mardi 24 mai

Nouvelles stratégies contre le cancer, implants dans l'organisme pour le réparer ou diagnostiquer précocement des maladies... L'innovation s'introduit dans le corps humain avec de multiples questions d'éthique. Venez nombreux en débattre au prochain Café du Quai à Toulouse.

Le prochain Café du Quai « Innovations technologiques et éthique en médecine : regards croisés », organisé par l'Université Fédérale Toulouse Midi-Pyrénées avec le CNRS et l'Inserm, accueille Christophe Vieu, professeur de physique à l’INSA de Toulouse et chercheur au sein de l’équipe NanoBioSystèmes du Laboratoire d’Analyse et d’Architecture des Systèmes (LAAS-CNRS), et Loïc Ysebaert, médecin hématologue à l’Institut Universitaire du Cancer de Toulouse-Oncopole, et chercheur au Centre de recherches en cancérologie de Toulouse1. Débat animé par Jean-François Haït, rédacteur en chef du magazine scientifique de site Exploreur.

Le mardi 24 mai à 18h30, Quai des Savoirs, allées Jules Guesde, Toulouse. Entrée libre

En savoir plus :

 

Expliquez-nous l'objet de vos recherches...

Christophe Vieu

Je travaille sur les applications des nanotechnologies à la médecine Au sein de mon groupe NanoBioSystèmes au LAAS-CNRS, nous concevons des dispositifs miniaturisés destinés à être implantés dans le corps humain pour le soigner ou le réparer, ou encore à des fins de diagnostic. Au sein de mon groupe NanoBioSystèmes au LAAS-CNRS, nous concevons des dispositifs miniaturisés destinés à être implantés dans le corps humain pour le soigner ou le réparer, ou encore à des fins de diagnostic.

 

 

Loïc Ysebaert

Ma recherche porte sur les cancers des ganglions – les lymphomes - et de la moelle osseuse – les leucémies aiguës. Au Centre de recherches en cancérologie de Toulouse, nous étudions les mécanismes des cancers pour mettre au point de nouvelles stratégies thérapeutiques.

 

Quelles innovations en sont issues ?

Christophe Vieu - Nous avons mis au point un implant sur lequel nous avons greffé des cellules souches. Il est destiné à régénérer des neurones fonctionnels chez les personnes atteintes d'un AVC profond et dont le cerveau est lésé. Une autre invention de notre laboratoire est un piège à cellules tumorales. Inséré de manière transitoire dans le système sanguin, il capte les cellules tumorales circulantes, ce qui permet de les mettre en culture pour faire un diagnostic, et d'évaluer le risque de métastases.

 

Loïc Ysebaert - Je travaille sur une nouvelle approche liée à l'environnement de la cellule cancéreuse. En effet, certaines cellules « normales » aident la cellule cancéreuse à se développer. Je cherche à comprendre ce phénomène. Par ailleurs, de nouvelles molécules permettent de décrocher la cellule cancéreuse de son environnement et de la rendre ainsi moins active. Elles améliorent la qualité de vie des patients. Nous avons mené des essais cliniques sur ces molécules.

 

À quelles questions d'éthique êtes-vous confrontés ?

Loïc Ysebaert - Il y a bien sûr toutes les questions liées aux essais cliniques et au consentement des patients. En tant que médecins, nous nous interrogeons aussi sur le service rendu par des molécules extrêmement coûteuses, afin de savoir à qui les prescrire et pourquoi. Enfin, nos recherches génèrent d'importantes quantités de données liées aux patients. La question de leur devenir et de leur utilisation se pose.

Christophe Vieu - Faire cohabiter des systèmes artificiels avec le vivant pose déjà de nombreuses questions. On peut aussi se demander jusqu'où réparer le corps. Ira-t-on vers un « humain augmenté » ? En généralisant des systèmes comme le piège à cellules tumorales, ne risque-t-on pas de passer du diagnostic précoce à l'eugénisme ? Toutes ces interrogations méritent une réflexion collective approfondie.

 

Propos recueillis par Jean-François Haït

 

  • 1. Centre de recherches en cancérologie de Toulouse – CRCT – INSERM, Université Toulouse III-Paul Sabatier, CNRS